La Catalogne ne renonce pas à un vote sur l’indépendance
Le président de la Catalogne, Artur Mas, reste déterminé à organiser un vote populaire sur l’indépendance de la région.
24/4/14 - 09 H 32
Avec cet article
En Espagne, le dialogue de sourds avec les Catalans continue
L’éventuelle sécession de la Catalogne inquiète les milieux économiques
http://www.la-croix.com/Actualite/Europe/La-Catalogne-ne-renonce-pas-a-un-vote-sur-l-independance-2014-04-24-1140545#.U1mSDbpsYa4.twitter
Le Congrès des Députés espagnols a refusé d’autoriser ce référendum et la justice espagnole l’a déclaré inconstitutionnel.
Recevant quelques journalistes pour la fête de la San Jordi, Artur Mas a remis la pression sur le gouvernement de Madrid.
Jour
de fête mercredi 23 avril en Catalogne. Les habitants célébraient la
San Jordi (Saint Georges), patron de la région, mais aussi le jour
mondial du Livre. Selon la tradition, une rose est offerte aux femmes et
un livre aux hommes. L’ambiance semblait légère, avec de nombreuses ventes de livres en pleine rue. C’était aussi l’occasion pour les Catalans de profiter d’une journée portes ouvertes au siège du gouvernement régional. Artur Mas, le président de la Catalogne, y recevait justement un groupe de journalistes étrangers, dont faisait partie La Croix.
À l’aise et comptant profiter de cette grande fête de la Catalogne, Artur Mas n’en était pas moins très ferme quant au moment crucial que traverse sa région. Après le jugement du Tribunal Constitutionnel fin mars, déclarant illégal le référendum prévu le 9 novembre en Catalogne, puis le vote de refus du Congrès espagnol début avril, le gouvernement catalan compte poursuivre son chemin.
« nous n’allons pas faciliter les choses au pouvoir central »
« Nous convoquerons cette consultation. Nous en sommes sûrs à 100 %. Nous le ferons dans un cadre légal », assure Artur Mas. Et de s’expliquer : « Nous utiliserons un article de notre statut d’autonomie qui nous permet d’organiser une consultation populaire régionale, dont le résultat ne sera pas contraignant. » La double question sera toujours la même : « Voulez-vous que la Catalogne soit un État ? » et si oui, « Voulez-vous que cet État soit indépendant ? »L’État espagnol aura alors deux possibilités. « Soit ils nous laissent faire, ce qui serait la meilleure solution. Soit ils tentent d’empêcher cette consultation », résume Artur Mas. « Mais nous n’allons pas faciliter les choses au pouvoir central. Juridiquement, nous allons bien préparer et ficeler une loi régionale pour organiser cette consultation. »
Si Madrid tente d’empêcher par tous les moyens la double question, et s’il ne négocie toujours pas avec la Catalogne, le risque de frustration parmi la population promet d’être important, alors que près de 80 % des habitants veulent se prononcer. « La plus grande frustration est de ne pas pouvoir voter. Je préfère assumer une situation tendue, avant de renoncer à cette consultation. Sinon le problème va se détériorer encore plus. Voter est le meilleur moyen de savoir ce que veulent les Catalans », déclare Artur Mas à La Croix.
Sentiment nationaliste en progression
D’ici là, il semble peu probable que Madrid et Barcelone parviennent à une solution négociée. « Madrid exige de nous de ne pas organiser cette consultation avant de s’asseoir autour d’une table. Nous ne pouvons pas accepter. Le gouvernement espagnol (du Parti Populaire, PP) dit non à pratiquement toutes nos propositions. Je ne perçois aucune possibilité », poursuit le président catalan. Le Parti populaire est à l’origine de recours auprès du Tribunal Constitutionnel contre le statut d’autonomie de la région négocié en 2006. Un pacte fiscal demandé par Barcelone a ensuite été rejeté en 2012.Autant de crispations qui ont fait progresser le sentiment nationaliste en Catalogne. L’Assemblée nationale catalane (ANC), puissante association civile en faveur de l’indépendance, fondée en mars 2012, en est la démonstration vivante.
À l’origine de l’immense chaîne humaine du 11 septembre 2013, le jour de la fête de la Catalogne, et du rassemblement d’un million de personnes à Barcelone l’année précédente, l’ANC affiche de plus en plus son pouvoir, et fait monter la pression auprès du gouvernement catalan. La présidente de l’ANC, Carme Forcadell, ancienne conseillère municipale de Sabadell et militante indépendantiste, a rappelé lundi à Artur Mas qu’il ne pourra pas finir sa législature sans organiser de consultation.
« un PIB supérieur à celui de la Finlande ou du Portugal »
Madrid et Barcelone empruntent donc pour l’instant des chemins éloignés. Artur Mas envisage aussi le scénario d’une séparation réelle, si la région parvient à une consultation. « Si la participation est suffisamment importante, si le résultat est suffisamment clair en faveur de l’indépendance tout en restant dans l’Union européenne, nous aurons donc un mandat pour négocier. L’UE peut alors aider à trouver une solution qui convienne à tous. Nous devons trouver des mécanismes. »Le président de la région Catalogne ne doute pas une seule seconde de la viabilité économique de sa future nation. « Nous avons un produit intérieur brut supérieur à celui de la Finlande, ou du Portugal, nous exportons, nous recevons 15 millions de touristes par an. Alors oui, tout à fait, le pays serait viable », déclare-t-il, oubliant au passage les rapports alarmants sur les conséquences d’une sécession. Mais le message est clair : la consultation est toujours en marche.
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La Catalogne, une région riche mais endettée
Située dans le nord-est de l’Espagne, la Catalogne est peuplée d’environ 7 565 000 personnes. Avec un PIB par habitant de 27 240 € en 2012, elle se situe au quatrième rang des 17 régions d’Espagne, au-dessus de la moyenne nationale (23 271 €) et de l’Union européenne (25 134 €). Elle réalise 26,5 % des exportations du pays. Mais sa dette publique est la plus élevée d’Espagne, à 57,15 milliards d’euros.
Le statut d’autonomie de la Catalogne est une loi organique de 1979. Elle régit, dans le cadre de la Constitution de 1978, l’organisation institutionnelle de la région. Celle-ci possède son Parlement, son gouvernement et son président, Artur Mas. Ce dernier, membre du parti Convergence démocratique de Catalogne, est au pouvoir depuis 2010.
La langue catalane est l’une des langues officielles de la Catalogne. Proche de l’occitan, elle aurait entre 9,1 et 13 millions de locuteurs. Elle est également parlée par les Catalans de France, principalement dans le département des Pyrénées orientales.
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