dimecres, 22 d’octubre del 2014

La télévision publique espagnole accusée de manipulation et de censure

La télévision publique espagnole accusée de manipulation et de censure

LE MONDE | • Mis à jour le | Par
 
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Le Parlement espagnol doit approuver, mercredi 22 octobre, avec les seules voix du Parti populaire, la nomination du nouveau président de la Radiotélévision espagnol (RTVE), José Antonio Sanchez. Ce vote survient alors que la polémique grossit sur la couverture de l’actualité par les chaînes publiques, notamment en Catalogne, où est ouverte la question d’un référendum sur l’indépendance.

Les salariés du groupe RTVE devaient remettre, mercredi, aux députés un texte, intitulé « Face à une situation limite », qui dénonce « l’utilisation partisane et pro-gouvernementale des services d’informations. »
Signé par près de 1 500 personnes, sur les 4 200 que comptent TVE et RTVE interactif, ce document conclut qu’« après deux ans de mauvaises pratiques professionnelles, les niveaux de manipulation et de censure ont noyé la crédibilité de TVE. »
Alors qu’à Barcelone, plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé le 11 septembre pour demander un référendum sur l’indépendance, la chaîne publique d’information en continue TVE24 n’a diffusé dans un premier temps aucune image.
« Ce n’est qu’après 20 heures que TVE24 s’est résolue à diffuser des vidéos de la manifestation, » rappelle au Monde Alejandro Caballero, président du Conseil des informations, organe composé de professionnels de la RTVE, chargé de veiller au respect de la charte déontologique.
« Dans la semaine qui a suivi, les journaux du matin de la première chaîne publique, TVE, ont donné la parole durant 34 minutes aux opposants à un référendum d’autodétermination, et seulement trois minutes à ceux qui soutenaient la manifestation, » poursuit le journaliste.

EN RÉFÉRER AUX INSTITUTIONS EUROPÉENNES

La couverture partiale de l’actualité catalane n’est, selon les salariés, qu’un des multiples exemples qui illustreraient la « manipulation informative » imposée depuis l’arrivée au pouvoir, en novembre 2011, du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy.
La prochaine étape est « d’en référer aux institutions européennes, » souligne M. Caballero. Car la nomination de M. Sanchez n’est pas propre à rassurer les salariés.
Cet ancien journaliste, qui a fait essentiellement carrière dans des médias conservateurs proches du PP, comme ABC ou La Razon, dirigeait jusqu’à présent la chaîne régionale Telemadrid où il a mené un plan social et licencié plus de 800 de ses 1 200 salariés.
Auparavant il avait dirigé TVE, entre 2002 et 2004, alors que gouvernait le conservateur José Maria Aznar.
« Il représente l’une des étapes les plus noires de la chaîne publique en termes de manipulation et de censure, » souligne Malen Aznarez, présidente de Reporters sans frontières Espagne.
C’est sous son mandat que TVE a été condamnée, en 2003, pour « manipulation informative » par la justice pour sa couverture « partielle » d’une grève générale.

LOI RÉVISÉE

« C’est aussi sous son mandat qu’ont eu lieu des cas d’école en matière de manipulation, ajoute M. Caballero, comme lors de la couverture de la marée noire du Prestige, de la guerre en Irak ou des attentats terroristes du 11 mars 2004, » attribués aux séparatistes de l’ETA malgré la revendication d’un groupe islamiste.
Une loi approuvée en 2006 par le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, en avait presque fini avec l’utilisation partisane de la télévision publique.
Elle exigeait, pour la nomination du président de la RTVE, le vote favorable des deux tiers des députés du parlement, de façon à imposer le choix d’un professionnel qui fasse consensus entre les deux grands partis.
Peu après son arrivée au pouvoir, le gouvernement de M. Rajoy a modifié la loi pour permettre l’élection du président de RTVE par majorité absolue simple.
 Sandrine Morel (Madrid, correspondance)
Journaliste au Monde

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